La réglementation Bâle III et Bâle IV : Enjeux et perspectives pour les banques en 2025
Publié le 14 février 2025
Introduction
La réglementation Bâle III, instaurée à la suite de la crise financière de 2008, vise à renforcer la résilience du secteur bancaire face aux chocs économiques. En complément, Bâle IV, souvent considéré comme une extension de Bâle III, introduit des ajustements pour harmoniser les modèles de calcul des risques et limiter les disparités entre banques.
En 2025, ces normes représentent un défi important pour les banques, qui devront redoubler d'efforts pour se conformer aux exigences croissantes tout en répondant aux attentes des régulateurs.
Les principales exigences de Bâle III et IV
Surveillance des actifs pondérés par les risques (RWA)
Les actifs pondérés par les risques (RWA, Risk-Weighted Assets) jouent un rôle central dans la détermination des exigences en capitaux propres des banques. Les institutions financières devront produire des rapports détaillés sur la composition de leurs RWA, distinguant les expositions au crédit, au marché et aux risques opérationnels. Par exemple :
- Exigence minimale de fonds propres CET1 : 4,5 %, avec des coussins supplémentaires.
- Rapports détaillés : Analyse granulaire des expositions pour chaque type de risque.
Renforcement des ratios de liquidité
Deux ratios clés seront particulièrement surveillés :
- Liquidity Coverage Ratio (LCR) : Les banques doivent démontrer leur capacité à couvrir leurs sorties de trésorerie pendant 30 jours en cas de crise, avec un seuil minimum de 100 %.
- Net Stable Funding Ratio (NSFR) : Ce ratio, également fixé à 100 %, vise à garantir une structure de financement équilibrée sur le long terme.
Stress tests et obligations de transparence
Les banques devront intensifier leurs stress tests pour simuler des scénarios de crise, tels qu’une chute de 20 % des marchés actions ou une hausse brutale des taux d'intérêt. Ces exercices permettront de mesurer l’impact sur les ratios de solvabilité et de garantir leur résilience.
De plus, des rapports détaillés sur des indicateurs clés comme les crédits douteux (NPL, Non-Performing Loans) devront être régulièrement transmis. À titre d’exemple, le ratio moyen de NPL dans l’Union européenne était de 2,3 % en 2024.
Les apports de Bâle IV par rapport à Bâle III
Harmonisation des pratiques
L’une des avancées majeures de Bâle IV est l’introduction d’un "output floor" (plancher de sortie) de 72,5 %. Cette mesure garantit que les RWA calculés par des modèles internes ne soient pas inférieurs à 72,5 % de ceux obtenus via des modèles standardisés. Cela vise à réduire la variabilité excessive des RWA entre banques et à renforcer la comparabilité.
Ajustements pour des secteurs spécifiques
- Crédits hypothécaires : Révision des pondérations selon le profil de risque.
- PME : Soutien aux économies locales grâce à des ajustements spécifiques.
- Risques de marché : Refinement des approches standardisées pour mieux refléter les risques réels.
Transparence accrue
Les exigences de divulgation sont élargies pour offrir une vue plus claire des pratiques de gestion des risques. Cela inclut des rapports plus détaillés sur les méthodologies employées et les impacts des scénarios de stress.
Les défis conjoncturels pour les banques en 2025
Contexte économique
- Inflation persistante : Les hausses des taux d’intérêt alourdissent le coût de financement.
- Risque de récession : Une récession mondiale pourrait augmenter le volume de crédits douteux (NPL).
Tensions géopolitiques et transition énergétique
- Risques climatiques : Exposition aux secteurs sensibles à la transition énergétique.
- Cybersécurité : Renforcement nécessaire face aux menaces numériques accrues.
Digitalisation et concurrence accrue
La digitalisation rapide accroît la compétition avec les fintechs et les big techs, poussant les banques traditionnelles à adapter leurs modèles opérationnels tout en respectant des régulations strictes.
Conclusion
Les réglementations Bâle III et IV, bien que complexes, sont essentielles pour garantir la stabilité financière mondiale. En 2025, leur mise en œuvre représente une opportunité pour les banques de renforcer leur solidité et gagner la confiance du marché. Toutefois, le contexte économique exige une vigilance accrue pour surmonter les défis qui se profilent.